07 Mai 2025
Dans un secteur en pleine mutation, Dave Lecomte, PDG de VFLIT - Vous Faciliter l'IT, mise sur l'agilité, la formation et un ancrage local fort pour avancer.

• Pouvez-vous nous parler de votre cursus professionnel ?
Après une formation en école de commerce, j’ai débuté ma carrière comme commercial chez un éditeur de logiciels, spécialisé dans un ERP dédié aux unités de production pour grande distribution. Quelques années plus tard, au début des années 2000, j’ai rejoint l’entreprise OMR, toujours en tant que commercial, à une période où l’activité informatique de l’entreprise était en plein développement. J’y ai connu plusieurs étapes : salarié, puis salarié associé avant de devenir président du groupe. Cette expérience a marqué le début d’une longue aventure, puisque OMR est à l’origine de VFLIT – Vous Faciliter l’IT.
• Vous êtes le PDG du groupe VFLIT, pouvez-vous nous présenter le groupe ?
Aujourd’hui, le groupe compte plus de 230 collaborateurs et génère un chiffre d’affaires de plus de 30 millions d’euros, fruit d’une croissance progressive. J’ai rejoint l’entreprise en 2001, avant de m’y associer en 2008, lors de la scission des activités bureautique et informatique.
En 2017, nous avons amorcé une diversification avec le rachat d’une société vendéenne, ajoutant les télécoms, les réseaux et la sûreté à nos expertises. Ce pari s’est révélé pertinent, ces métiers s’étant rapidement informatisés. Le groupe est désormais structuré autour de quatre pôles : l’infogérance et la cybersécurité, les télécoms et réseaux, la sûreté, et les logiciels de gestion.
• Avez-vous des projets de développement ?
Pour moi, c’est le cœur d’une entreprise : avancer, se développer, construire des projets. Malgré une conjoncture compliquée l’an dernier, nous poursuivons notre croissance organique, tout en renforçant notre stratégie de croissance externe maîtrisée. L’objectif reste le même : devenir une référence dans le quart Grand Ouest, où le potentiel est encore important avant d’envisager un déploiement national. Nous restons par ailleurs en veille active sur nos quatre métiers.
Le marché nous pousse aussi à monter en compétences, notamment en cybersécurité : un domaine sur lequel nous investissons et nous nous développons fortement depuis cinq ans. C’est d’ailleurs pour cela que l’on parle de cinq métiers chez VFLIT. Derrière le mot « infogérance », on a développé un vrai savoir-faire, qui nous permet de couvrir l’ensemble des briques cybersécurité pour les PME. Nous avons même été parmi les premiers à décrocher le label ExpertCyber, ce qui vient valider notre engagement sur ces sujets.
À terme, l’ambition est d’être un acteur régional majeur, solide, reconnu pour son expertise.
• Quels enseignements tirez-vous des crises successives que l'on a connues ?
J’ai le sentiment que nous sommes dans une forme de crise permanente… Ce n’est plus une question de conduite du changement ponctuel, mais d’adaptabilité constante. Toute la difficulté est de rester flexible sans perdre sa ligne directrice. La fréquence des crises et la rapidité des évolutions nous obligent à considérer l’instabilité comme une norme, et à structurer nos organisations en conséquence.
Nous arrivons justement au terme de notre plan stratégique sur 5 ans lancé début 2020 – un bon exemple des ajustements que les crises imposent. Cela confirme qu’il faut sans cesse se remettre en question, tout en gardant en vue ses objectifs de long terme.
Dans ce contexte, l’agilité passe notamment par la formation. C’est un levier clé pour accompagner les mobilités internes et les évolutions de poste. Or, les réformes récentes, notamment sur le CPF, compliquent fortement les choses. Elles freinent notre capacité à former, alors même que les besoins n’ont jamais été aussi cruciaux. C’est un vrai sujet de fond, sur lequel des acteurs comme EBEN ont un rôle à jouer.
Chez nous, on continue d’investir massivement dans la formation, bien au-delà des obligations. C’est une part essentielle de notre attractivité, mais aussi un facteur stratégique d’agilité.
• Quels sont les enjeux du marché selon vous ?
Les enjeux du marché IT varient selon les secteurs. Dans la gestion, les évolutions réglementaires comme la facture électronique dynamisent la demande. Mais au-delà, les PME doivent accélérer l’intégration de l’IA à leurs logiciels métiers.
La sûreté, historiquement liée au bâtiment, connaît aussi une mutation rapide avec l’arrivée de briques logicielles complexes et de nouvelles couches d’IA. Cela implique un besoin accru en formation.
Dans les télécoms, la fin des infrastructures historiques (cuivre, RTC, …) pousse à la fibre. Cette transition modifie l’architecture des communications, avec les communications unifiées (souvent à la demande) mais aussi avec une montée en puissance de l’IA dans les centres de contact, de plus en plus liés aux outils CRM. Le modèle traditionnel des opérateurs devient obsolète au profit d’une approche IT intégrée.
Enfin, dans l’infogérance, l’enjeu majeur reste la cybersécurité. Malgré une vraie mobilisation, le taux d’équipement des PME reste insuffisant. Les cyberattaques se propagent via l’ensemble de l’écosystème des entreprises, et les chiffres explosent. Il est donc crucial de renforcer les briques de sécurité pour toutes les structures, y compris les associations et le secteur public.
• Durant votre carrière, quel serait votre pire souvenir ? Et le meilleur ?
Mon meilleur souvenir, c’est en 2008, au moment où je me suis associé dans la structure. C’est pour moi une vraie forme d’aboutissement. J’ai fait une école de commerce avec l’objectif de devenir entrepreneur, donc cette étape a vraiment marqué un tournant important.
C’est toujours un peu délicat d’évoquer un mauvais souvenir, mais ce qui reste difficile, c’est de voir partir un bon collaborateur. Cela dit, on peut aussi y voir un signe positif : cela montre que l’on a su l’accompagner dans son développement et qu’il est prêt à franchir une nouvelle étape dans sa vie professionnelle.
• Vous investissez-vous dans des projets extra-professionnels ?
À titre personnel, je ne fais pas partie d’une association. En revanche, au sein du groupe VFLIT, nous sommes très engagés sur les questions de RSE, notamment dans sa dimension sociétale. Nous soutenons de nombreuses associations, qu’elles soient sportives, culturelles ou environnementales. Par ailleurs, je suis personnellement impliqué dans l’une d’elles, que nous accompagnons également : Fondalor, un fonds de dotation basé à Lorient que j’ai co-fondé. Il est dédié aux arts et aux artistes, en les aidant à concrétiser leurs projets grâce à un soutien financier.
• Que vous apporte la Fédération EBEN ?
EBEN joue pleinement son rôle de porte-parole en nous représentant dans les instances paritaires et en défendant nos intérêts. Mais son action va bien au-delà : c’est un véritable appui opérationnel, comme nous avons pu le constater lors de notre réorganisation en 2023 grâce à l’accompagnement juridique. C’est aussi un réseau utile pour échanger entre pairs, s’informer sur le marché et bénéficier d’intervenants de qualité.
• Avez-vous une devise ?
Cela fait vingt ans que l’on ne cesse de dire que nous sommes là pour vous faciliter l’IT. Donc ça me semble tout à propos de reprendre une formule utilisée mais qui reste tellement vraie et qui est notre ADN. Donc ma devise favorite est celle-ci : Nous sommes là, pour vous faciliter l’IT.
Propos recueillis par Valentine ZABARINO