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Impact de la crise sur nos métiers et perspectives

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05 Oct 2021

L'Insee a publié en juillet ses prévisions concernant l'activité économique française qui retrouverait « à peu près » son niveau d'avant-crise à la fin de 2021 (NDLR : les différentes prévisions de l'Insee s'entendent par rapport aux niveaux atteints au quatrième trimestre 2019). En clair, cela signifie une croissance du PIB de 6 % pour

Delphine CUYNET

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Des indicateurs tous au vert

Les indicateurs qui reflètent la situation actuelle et la situation de l'économie de l'Hexagone sont quasiment tous au vert. Celui de la confiance des ménages a retrouvé son niveau d'avant-crise et le climat des affaires (confiance des chefs d'entreprise) l'a déjà dépassé.

L’essentiel des indicateurs à haute fréquence (trafic routier, paiement par carte bancaire…) « témoignent de la levée des restrictions sanitaires ». La dynamique pour les données concernant le secteur de la restauration est avérée même si, partant de beaucoup plus bas par rapport à d’autres secteurs de l’économie, l’activité reste encore en-dessous du niveau d’avant-crise. Cela fait partie des bémols de la conjoncture, avec les difficultés d’approvisionnement en matières premières dans certaines branches de l’économie et avec la perspective que le tourisme, même s’il a fait très fort cet été, ne permettra un retour à la normale en matière de restauration et d’hôtellerie.

De la même façon, la dernière enquête de la CPME révèle que les dirigeants de PME sont près de deux sur trois à considérer que la situation globale de leur entreprise s’est améliorée (32 %) ou est restée identique (29 %) au premier semestre 2021.

Quant au second semestre 2021, si le plus grand nombre (41 %) anticipe une situation globale identique à celle du premier semestre, ils sont encore un sur trois (34 %) à craindre une dégradation. Seuls 26 % des répondants estiment que la seconde moitié de l’année sera meilleure que la première.

Tout n'est pas rose pour autant

Sur le plan financier, 18 % des dirigeants interrogés estiment aujourd’hui ne pas avoir la trésorerie suffisante pour rembourser les échéances sociales et fiscales reportées et 23 % disent ne pas avoir fixé de calendrier de remboursement de ces échéances.

Par ailleurs, des freins à la reprise existent.

La hausse du prix des matières premières impacte deux entreprises sur trois (64 %) dont la moitié (54 %) déclare, pour l’instant, ne pas répercuter cette augmentation sur ses prix de vente. Plus préoccupant encore, une entreprise sur trois (33 %) éprouve des difficultés pour s’approvisionner, 21 % devant même renoncer à des marchés.

Enfin, 44 % des dirigeants font face à des difficultés de recrutement, 57 % déclarant même avoir dû renoncer à des marchés ou à des projets.

TOUR D'HORIZON DES SECTEURS REPRÉSENTÉS PAR EBEN

Les budgets IT des entreprises en hausse

D’après Gartner, le nombre d'ordinateurs portables et de tablettes utilisés augmentera respectivement de 8,8 et 11,7 % en 2021, tandis que le nombre de PC de bureau devrait diminuer, passant de 522 millions en 2020 à 470 millions en 2022.

Selon une étude Dynabook, 65 % des décideurs informatiques européens vont disposer cette année de budgets informatiques accrus. Les entreprises françaises accordent la priorité aux solutions cloud (48 %) en matière de dépenses informatiques sur les 12 prochains mois, l’assistance informatique à distance étant citée en deuxième position par 43 % d’entre elles. En France, l’infrastructure de cybersécurité (44 %) devrait également être une priorité d’investissement technologique clé en 2021, suivie de l’équipement des employés avec des appareils adéquats (38 %) et des outils collaboratifs – en cinquième position (36 %).

En 2021, les dépenses IT globales devraient atteindre 4 100 milliards de dollars, soit une augmentation de 8,4 % par rapport à 2020. « La plus forte croissance concernera les matériels, en particulier les ordinateurs portables, les ordinateurs de bureau, les tablettes et téléphones mobiles (en hausse de 14 %) et les logiciels d'entreprise (en hausse de 10,8 %), les entreprises s'efforçant d'offrir un environnement de travail plus confortable, plus innovant et plus productif à leurs employés », comme l'a déclaré John-David Lovelock, vice-président de la recherche de Gartner.

Les dépenses pourraient être multipliées par deux en ce qui concerne certains segments du marché entre 2020 et 2022. Les services d'infrastructure cloud (IaaS) et le desktop as a service (DaaS) connaîtront la plus forte croissance avec respectivement 79,66 % et 100 % en 2 ans.

Entre nouvelles tendances de consommation et passage à la 5G, les télécoms sont en première ligne

Le secteur des télécoms a joué un rôle déterminant lors de la crise sanitaire. Les réseaux télécoms ont contribué au maintien des activités essentielles et ont su accompagner l’explosion des usages : télétravail, enseignement à distance, téléconsultations, la consommation voix mobile a enregistré une augmentation de 30 % entre le second trimestre 2019 et le second trimestre 2020.

D’après le dernier Observatoire des marchés de télécoms de l’Arcep au 1er trimestre 2021, le revenu des opérateurs augmente de près de 2 % en un an au premier trimestre 2021, « un rythme de croissance inégalé depuis plus de dix ans », affirme l’Arcep.

Le revenu des opérateurs, 8,9 milliards d’euros HT au premier trimestre 2021, connaît globalement une amélioration depuis le quatrième trimestre 2019, et une croissance sur pratiquement tous les postes de revenus ce trimestre (services fixes, mobiles et revenus annexes).

La dynamique observée depuis plusieurs trimestres s’explique en premier lieu par l’embellie constatée sur le marché des services fixes. Le revenu de ces services progresse pour le quatrième trimestre consécutif, et de +1 % en un an ce trimestre, après dix années de contraction.

La croissance est principalement portée par la hausse plus intense du nombre d’abonnements à haut et très haut débit et par la migration grandissante des accès cuivre vers ceux en fibre optique de bout en bout. Ainsi, le revenu des services à haut et très haut débit continue de croître à un rythme soutenu, et à un taux qui n’avait pas été atteint depuis quatre ans (+3,5 % en un an). Parallèlement, le revenu lié à la vente des accès aux réseaux intersites auprès des entreprises (567 millions d’euros HT) se stabilise après huit années de diminution. En conséquence, la contraction du revenu enregistrée sur la vente des services bas débit (476 millions, -12 % en un an) est plus que compensée par la hausse des autres postes de revenus des services fixes.

Un marché de l’imprimerie plus “serviciel” en 2021

Toutes les crises, comme celle du coronavirus, ont pour effet d’accélérer les tendances en cours. Ainsi, 2019 confirme la tendance observée dans le secteur depuis quinze ans, avec un nouveau recul du tonnage imprimé (- 1,4 %).

Dans l’édition 2020 du rapport « Regards sur les marchés de communication graphique » de l’IDEP, les imprimés publicitaires et les périodiques, qui représentent les deux plus importantes catégories en volume, sont particulièrement touchés. Ainsi, on enregistre une baisse de 8 % des dépenses consacrées aux mailings et de 4,5 % des investissements dans les prospectus. Notons cependant la bonne tenue du livre qui affiche une hausse des exemplaires vendus et le dynamisme des investissements en publicité extérieure, digitale mais aussi physique (+ 3,6 %) et en PLV (+2 %). La crise sanitaire qui a restreint les déplacements, annulé tous les événements, perturbé l’approvisionnement des kiosques, etc., a ajouté une dimension conjoncturelle brutale à ce recul structurel et ouvert une voie royale au tout numérique.

Alors que le chiffre d’affaires de l’imprimerie commerciale et les tonnages imprimés baissent de façon constante depuis 10 ans, la part de marché du web-to-print augmente (+59 % depuis 2012 d’après le Ludovic Martin).

L’IDEP explique que dans le domaine de la publicité, qui est sommée de revoir ses pratiques afin d’agir en faveur de la transition écologique, le support imprimé a une carte à jouer. Objet écoconçu et recyclable, il peut devenir le vecteur privilégié d’une communication responsable tant dans la forme que dans le fond.

Les imprimeurs français doivent s’adapter à cette nouvelle donne où priment la personnalisation du message, la valorisation du support, l’innovation dans les usages, l’optimisation des ressources. L’ennoblissement numérique restera lui aussi l’un des principaux moteurs de croissance du marché de l’impression de production.

Il ne fait aucun doute que la technologie numérique va continuer en 2021 de supplanter l’offset. Compte tenu de l’érosion continue des volumes d’impression offset, les imprimeurs sont obligés d’élargir leurs gammes de services d’impression numérique. Si le digital est omniprésent, on assiste à une tendance vers plus de services (pose, studios de création, de R&D…), plus d’innovation, plus d’humain et de RSE/écoresponsabilité.

Marché de l’impression dopée par le télétravail

Selon IDC, le marché des imprimantes et des multifonctions en Europe occidentale a augmenté de 18,8 % au deuxième trimestre 2021 par rapport à la même période de l'année précédente, avec 4,39 millions d'unités vendues.

Les besoins des télétravailleurs et l’enseignement à domicile ont à boosté les ventes d’imprimantes jet d’encre grand public et laser monochromes d’entrée de gamme, facilement disponibles et proposés à des prix compétitifs. Ces ventes ont tout particulièrement profité au commerce en ligne et aux magasins de détail.

Outre la forte croissance du jet d'encre et du laser bas de gamme, les marchés des MFP A3 ont rebondi et ont contribué à une croissance de la valeur du marché de 47,1 %.

Après une année marquée par la crise sanitaire, le retour au bureau des collaborateurs engendre une demande accrue de multifonctions, mais cette croissance pourrait être freinée par les problématiques d’approvisionnement.

Le marché du mobilier professionnel en recul

D’après un communiqué de l’ameublement français, la fabrication de mobilier professionnel (bureau, collectivités, contract) recule d’environ 20 % en 2020. Malgré un carnet de commandes prometteur en début d’année, l’effondrement lié à la crise sanitaire a été inévitable.

On a constaté durant le confinement un attentisme important des donneurs d’ordre, notamment sur les grands projets. Le bureau a directement pâti de la généralisation du télétravail et la reprise du second semestre n’aura pas permis un effet de rattrapage. Certaines entreprises dont l’activité a été mise à mal par la crise sont dans une logique à court terme de restrictions budgétaires, qui se couple à une réflexion à moyen/long terme sur la réorganisation du travail et donc des espaces qui y sont associés.

Les segments de la culture et du sport ont été très impactés, mais grâce au secteur de la Santé au sens large (hôpital, médico-social, seniors, petite enfance) et de l’Education, le marché de la collectivité dans son ensemble a mieux résisté. Le contract a également subit un arrêt brutal des investissements en ce qui concerne les aménagements ou réaménagements des restaurants, hôtels et résidences hôtelières, y compris concernant les projets qui étaient programmés de longue date.

Papeterie – fournitures de bureau, un marché contrasté

Dans son étude sur le marché de la papeterie office pour l’UFIPA, GFK annonce un chiffre d’affaires de 3,3 milliards d’euros en 2020. Le marché enregistre ainsi une hausse en valeur de 4,1 % malgré des ventes volume en repli (-3,7 %). Ce marché est tiré par les consommables (+17 %) et machines de bureau (+14). En effet, les salariés en télétravail ont dû se fournir en imprimantes et cartouches d’encre.

La GSA (57 %) est la grande gagnante de cette dynamique. Le repli du chiffre d’affaires des acteurs de la vente à distance s’est accéléré en 2020 (- 18 %), contrairement aux superstores et magasins spécialisés, en progression (+ 4 %).

Si jusqu’à un tiers des entreprises s’attendent à un retour à la hausse des consommations en 2021, les prévisions de dépenses restent plus mitigées et la majorité s’attend à ce qu’elles restent stables. Une perception de l’avenir qui varie selon la taille de l’entreprise selon GFK : les TPE se montrent en effet moins optimistes que les entreprises de 50 à 500 salariés dont les dépenses devraient ré-augmenter. Important dans le choix des produits, le rapport qualité/prix de l’offre est également le premier argument pour choisir un fournisseur quel que soit le type de produit. Toutefois, les petites entreprises se montrent plus sensibles aux prix proposés tandis que les plus grandes entreprises font plus attention à la qualité du service. Déjà largement répandues avant la crise de la Covid-19, les commandes via Internet et la livraison dans les bureaux restent les options choisies par la majorité des entreprises. Un quart des PME déclarent quand même avoir changé au moins un de leurs fournisseurs depuis la crise et surtout pour trouver des prix plus attractifs.

L’éco-responsabilité est un sujet important pour la majorité des entreprises. Les plus grandes entreprises sont notamment plus engagées sur ces problématiques que ce soit dans les actions auxquelles elles participent ou dans les critères qu’elles prennent en compte pour choisir leurs produits ou leurs fournisseurs.