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En route vers la sobriété numérique !

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24 Fév 2023

La France s'est engagée avec la loi « Énergie-Climat » de 2019 à baisser de 40 % ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici 2030 (par rapport aux émissions de 1990), et à atteindre la « neutralité carbone » en 2050. Au cœur de cette volonté de préserver l'environnement, l'entreprise a une

Delphine CUYNET 

sobriété numérique

La « sobriété numérique » désigne « la démarche qui consiste à concevoir des services numériques plus sobres et à modérer des usages numériques quotidiens ». 

Principaux impacts environnementaux du numérique

La prise en compte de l’empreinte environnementale du numérique s’inscrit dans un contexte planétaire de lutte contre le changement climatique, de déclin de la biodiversité et de raréfaction des ressources naturelles.

Les différentes études scientifiques actuelles estiment que le numérique est responsable de 2,1 à 3,9 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Le numérique a aussi une empreinte matérielle non négligeable qui se heurte à la finitude des ressources minières. Pour un usage en France, la phase d’extraction et de fabrication des équipements numériques représente jusqu’à 80 % des impacts en tenant compte de différents indicateurs environnementaux. L’extraction / fabrication d’un ordinateur de 2 kilos nécessite par exemple 800 kilos de matières premières et 1,5 tonne d’eau, sans oublier l’énergie dite « grise » nécessaire à ces étapes. Ces impacts cachés sont réunis sous le concept de « sac à dos écologique ». Au-delà des impacts environnementaux, les phases d’extraction minière, de fabrication et de traitement des déchets électroniques ont des impacts sociaux non négligeables, notamment le travail des enfants dans les mines ou les décharges sauvages dans les pays du Sud.

L'allongement de la durée de vie des équipements et la réduction de leur nombre sont des enjeux prégnants pour limiter les impacts liés à leur fabrication.

Qu'est-ce qu'un numérique plus responsable ?

Une utilisation plus responsable du numérique consiste à réduire significativement l'empreinte environnementale, sociale et économique du système d'information, de l'organisation et du métier. Un numérique plus responsable doit se focaliser en priorité sur les actions d'évitement et de réduction sans oublier de réduire les possibles effets rebond.

Les bonnes pratiques numériques responsables

La Mission interministérielle numérique écoresponsable (MiNumEco), la Direction Interministérielle du numérique (DINUM), le Ministère de la Transition écologique et l’Institut du Numérique Responsable (INR) ont conçu et rédigé un guide des « Bonnes pratiques numériques responsables pour les organisations ». Disponible sur le site www.ecoresponsable.numerique.gouv.fr, ce guide répond à un besoin des organisations d’avoir un outil pour les accompagner dans la mise en œuvre de leur démarche et de leur plan d’actions pour un numérique plus responsable.

L’objectif de ce guide est d’une part de sensibiliser les différents acteurs aux impacts de certaines pratiques rencontrées au sein des organisations, et d’autre part de partager des exemples de bonnes pratiques numérique responsable qui peuvent participer à la réduction de l’empreinte environnementale du numérique. Ce guide s’adresse à tout type d’organisation, du secteur public comme du secteur privé. Certains exemples de bonnes pratiques sont plus adaptés que d’autres suivant le contexte et la maturité de la démarche numérique responsable au sein des organisations.

Ce guide rassemble des exemples de bonnes pratiques pour un numérique plus responsable sous neuf thématiques :
Stratégie et gouvernance : dédier une personne spécifique à la coordination de la démarche numérique responsable, définir et mettre en place un plan d’actions, mettre en place et suivre des indicateurs de pilotage, acter la démarche numérique responsable dans une charte ou manifeste, …
Sensibilisation et formation : sensibiliser les collaborateurs au numérique responsable, former en interne à la réparation des équipements hors garantie, intégrer les compétences Numérique Responsable dans le plan de formation, …
Mesure et évaluation : connaître son système d’information pour mieux l’exploiter, évaluer régulièrement l’empreinte environnementale du système d’information, …
Réduction des achats : réduire le nombre d’équipements, mettre à jour les équipements au lieu de les remplacer, réaffecter les équipements en interne, opter pour la location fonctionnelle d’équipements, séparer les achats d’équipements, …
Achat durable : privilégier les achats durables et réparables, privilégier des équipements écolabellisés, privilégier des équipements issus du réemploi ou contenant des matériaux recyclés, s’assurer de la traçabilité des produits, …
Phase d’usage, administration et paramétrages : optimiser la gestion du parc des équipements, agir sur les paramétrages par défaut, réduire le volume des données stockées, limiter les flux de données, réduire les impacts liés à la messagerie, mettre en place les bonnes pratiques d’impression, …
Services numériques : concevoir un service numérique compatible avec des faibles débits, concevoir à l’aide de technologies standard plutôt que de technologies propriétaires ou spécifiques à une plateforme, réduire le temps passé par un usager sur un service numérique, accompagner les contributeurs pour alléger les contenus multimédia, …
Salle serveur et centre de données : intégrer des clauses environnementales lors du choix d’un prestataire d’hébergement, optimiser l’architecture du centre de données, regrouper et rationnaliser les serveurs, refroidir les serveurs par une solution économe en énergie, …
Fin d’usage : réemployer en remettant en état, faire appel à un éco-organisme pour la gestion des DEEE, trier et collecter séparément les consommables, tenir un registre des déchets, …

Quelques grands principes

Prendre en compte tout le cycle de vie des équipements et services numériques et pas seulement leur usage.
Prendre en compte tous les impacts environnementaux et pas uniquement les émissions de gaz à effet de serre.
Prendre en considération les aspects sociaux.
S’inscrire dans une logique de sobriété : Refuser, Réduire, Réemployer, Recycler…
Se méfier des effets rebond, définis comme « l’augmentation de consommation liée à l’efficacité d’une technologie ».
Préférer les résultats en valeur absolue plutôt qu’en relatif.
Ne pas négliger les mesures dont on ne sait pas ou peu quantifier les gains.
Hiérarchiser les bonnes pratiques à mettre en place au vu de leur potentiel de réduction des impacts environnementaux.
S’attacher à replacer la démarche « Numérique responsable » dans une stratégie globale de réduction des impacts environnementaux et sociaux négatifs des activités de l’organisation.